On dit des aigles qu'ils sont malins, habiles et intelligents. Ambre est maligne, habile et intelligente. On dit que ces rapaces, bien que protecteurs envers leur famille, sont de redoutables prédateurs. Ce qui est vrai, bien entendu. Ambre est de nature espiègle et sérieuse, bien qu'elle aime beaucoup plaisanter. Protectrice envers sa Tribu, elle est aussi loyale que stricte avec les siens. Elle sait s'imposer avec fermeté quand il le faut mais elle est compréhensive et elle a un coeur. Elle est pourtant très méfiante, il faut déployer beaucoup d'efforts pour briser ses défenses et pour qu'elle vous fasse confiance. Ambre n'est pas naïve et ce n'est pas le genre de femme à donner de deuxième chance. Si vous la trahissez, vous baissez dans son estime, sortez de son coeur et elle vous aura à l'oeil. Une devise ? "La confiance se gagne. On ne nait pas avec.". Si vous êtes honnête avec elle, elle le sera avec vous. Ambre a l'instinct féminin et animal très prononcé et elle comprendra vite si quelqu'un lui tend un piège, que la menace pèse sur elle. Vous devez vous dire qu'elle est invincible, qu'elle n'a aucune faiblesse, que c'est une machine... Non. Malgré ce que l'on pourrait croire d'Ambre, c'est une grande sentimentale, et même si elle ne le laisse jamais paraître, elle a mal et ne s'en remet pas facilement quand quelqu'un qu'elle aime la blesse autant dans son amour propre que dans son mental.

Physiquement, Ambre est une jeune femme assez séduisante. La peau mate et immaculée, un nez droit, le sourire froid mais facile, une longue chevelure brune lui descendant jusqu'au milieu du dos, tantôt bouclée ou frisée, mais aussi lisse ou encore attachée, les yeux noisettes et vifs, la jeune Chef de la Tribu des Aigles est l'exemple parfait du "Il ne suffit pas d'être blonde et d'avoir les yeux bleus pour être belle !". Assez grande pour ses 20 ans, mais pourtant très fine et svelte. Rapide et endurante - aussi bien sous sa forme d'aigle qu'humaine - et pas du tout paresseuse, elle est une de ces filles qui ne restent pas en place une demie-heure et qui doivent tout le temps s'occuper de quelque chose. Ambre est sportive, cela va sans dire... mais malgré tous ces atouts séducteurs... elle est célibataire.

« On m'a dit que c'était mon destin. Que je devais diriger ma Tribu dignement et sans discuter. Que je n'avais pas le choix. Que si je refusais et que je partais en laissant derrière moi ce lourd fardeau, je nuirais à tout le monde, qu'il n'en serait plus rien de la Tribu des Aigles. Alors j'ai dit oui, j'ai accepté. Je ne pouvais me résoudre à laisser les miens. Mes parents ; Lily et Robert. Mes deux petites soeurs ; Kiara et Kerry. Mes deux grands frères ; James et Kyle. Et tous mes amis. Ceux que j'aimaient. J'ai demandé à mon père pourquoi ce serait moi, je pensait que c'était une question d'âge, mais ç'aurait été injuste : James et Kyle sont plus âgés que moi. Alors pourquoi moi ? Il m'a dit que j'avais un don. Un don que tout le monde n'avait pas ; le don de me transformer en animal. L'animal symbolique de la Tribu : l'aigle.

Je suis née comme ça. Avant même ma naissance, j'étais destinée à devenir la Chef. On me l'a souvent répété, mais je n'y avais jamais vraiment songé. J'étais trop jeune pour comprendre. Je m'amusais avec mes frères, mes soeurs et mes amis. Je jouait innocemment à la Chef, sans savoir que plus tard, ce jeu deviendrait une réalité.

Sois disant c'est un honneur. Tout le monde aimerait être à ma place. Certains ont commencé à me jalouser. Je trouvais ça ridicule. J'aurai aimé échanger ma place avec la leur. Je m'étais longtemps entraînée pour devenir une guerrière. J'avais certes l'habitude de commander, et j'étais respectée de tous. Les petites filles trouvaient en moi leur exemple, leur modèle. Mais peu à peu, à force de prendre des responsabilités. Je me suis un peu plus refermée. Je me méfiais de tout le monde, parfois même de ma propre famille ! J'étais très attentive à chaque geste de la moindre personne de ma Tribu. J'angoissais à savoir mon clan en danger. Mais je m'y suis faite.

Jusqu'à ce jour sombre...

Je me souviens qu'il faisait nuit. Je m'étais disputée avec ma mère. Elle m'avais suggérée de prendre un peu de repos, je ne dormais presque pas, veillant nuit et jour à la sécurité de ma Tribu. Je lui ai rétorqué que je ne tenais pas à relâcher ma vigilance ; nous étions en temps de guerre, du moins, c'était mon opinion : les Humains voulaient nous détruire, ces êtres sans coeur ni conscience n'acceptants pas notre différence. J'ai toujours pensé qu'ils nous jalousaient - on avait quelque chose qu'ils n'avaient pas - ou alors qu'ils avaient peur de nous, qu'ils voulaient retrouver un monde où le fantastique n'existait que dans les livres. Et ils nous volaient tout : la sécurité, une place dans la vie, notre propre vie, notre fierté, notre existence. Pire ; ils nous prenaient notre liberté. La Liberté... Jusqu'à ce jour-ci, ils n'avaient jamais attaqué notre Tribu. À vrai dire, j'avais jamais rencontré d'Hommes, de vrais Hommes. Et puis cette nuit, après cette dispute qui avait terminé pour moi en pleurs intérieurs - j'avais un rang trop haut placé pour montrer mes faiblesses aux autres et pour partager mes doutes -, j'étais partie faire la ronde du périmètre, comme toutes les nuits. Je m'étais trop éloignée, emportée par mon chagrin qui ne se faisait même pas comprendre. Mais ma mère avait raison. J'étais fatiguée, de tous ces mois de nuit blanche, de ces quelques heures de sommeil agité. Ma vue aiguisée faiblissait, je me suis donc posée, ayant jugée cela plus sage. Et je me suis endormie. Je me suis réveillée à peine un quart d'heure après - je l'ai déduit à l'inclinaison de la lune dans le ciel noir étoilé - et puis, j'ai regardé plus loin. De la fumée s'élevait à l'horizon. Vers l'emplacement de ma Tribu. Paniquée j'ai volé le plus vite possible vers les volutes grisonnants  et je les ai vus. Des Hommes. Armés de torches, ils mettaient le feu au petit village improvisé. Au petit havre de paix que je m'étais efforcée de créer. Le hic ? Ils repartaient. Déjà... ? J'entendais d'ici, de la haut, les cris des nourrissons, les hurlements déchirés de tristesse des femmes. Et puis le cri horrifié d'une autre femme. Plus loin, vers mes cartiers, à moi et ma famille. Je connaissais cette voix, c'était celle de ma mère. Je piquais droit sur le hameau enflammé d'où provenait la voix. Mais avant même de reprendre forme humaine, je savais que c'était trop tard. Je ne l'entendais plus crier, seulement quelques petits gémissements d'agonie, que personne d'autre que moi et mes sens aiguisés pouvaient entendre. Et puis l'odeur de la chair calcinée me piquait le nez. Et puis je l'ai trouvé, le brasier qui flambait dans sa chambre, alimenté du corps inerte de ma mère. Il avait fallu seulement dix minutes à ces hommes pour détruire ma vie. Elle m'avait quittée sur une dispute, et je ne pourrais jamais m'excuser. Mais je pensais bien me venger. »

Pas de liberté sans paix. Pas de paix sans liberté.
Oui mais pas de liberté sans vengeance. Pas de vengeance sans liberté.
Le sang coulera plus d'une fois. Et ma Tribu n'en sera pas toujours l'exemple. J'en fais le serment.